Cours Initiation à la linguistique -de M. Bouhouhou

 Cours de M. Bouhouhou , faculté de Marrakech

 Cours Initiation à la linguistique : Qu’est que la linguistique ?

Dans son ouvrage de base CLG, Saussure a essayé de délimiter l’objet de la linguistique :
Elle doit décrire toutes les langues pour les reconstituer jusqu’à la langue mère. C’est en quelque sorte le travail de la linguistique historique.
Deuxièmement, la linguistique doit « dégager les lois générales » qui régissent l’évolution d’une langue donnée
Et enfin la linguistique doit « se délimiter et se définir elle même ».
Objet de la linguistique avant : (un peu d’histoire)
– Alors qu’auparavant la linguistique était réduite à tout ce qui est grammatical. Le linguiste avait alors pour tâche de s’occuper du fonctionnement de la langue. On distinguait les formes correctes de celles qui ne le sont pas.
– Vient après le tour à la philologie qui va s’occuper de l’interprétation et du commentaire des textes en utilisant l’histoire « des mœurs et des institutions. Elle faisait de la linguistique dans la mesure où elle comparait les usages de langues chez les auteurs.
– Ceci a préparé l’arrivée de la linguistique historique et de la philologie comparée ou la Grammaire comparée :
*C’est surtout grâce aux travaux de Bopp sur le sanscrit, le germanique, le grec et le latin dans son livre Système de conjugaison du sanscrit. En effet, il a essayé d’expliquer une langue par la comparaison avec une autre. C’est la découverte du sanscrit qui a permis à ce linguiste de fonder une science du langage que l’on appelle la linguistique historique ou comparative.
*On peut parler, à la suite de Saussure, de Jacob Grimm dans ses travaux sur le germanique et aussi de Max Muller pour ses Leçons sur la Science du Langage, parus en 1861 en anglais.
* Mais surtout grâce aux travaux de Schleicher dans son livre Abrégé de Grammaire comparée des langues indo-européennes en 1861.
Conclusion : (un peu d’histoire) Selon Saussure, tous ces travaux manquaient de rigueur scientifique. Car leur objet n’a pas été identifié. Bien plus parfois on lit nous dit-il des « bizarreries de la pensée ». La méthode comparatiste est souvent « erronée » et « loin de la réalité ».
La linguistique doit étudier la langue qui ne doit pas se confondre avec langage.
La langue est un « produit social ». Elle relève de ce qui est conventionnel. Elle est acquise et non naturelle. L’enfant apprend à parler. Car parler ne relève pas de l’instinct selon Saussure. Les linguistes ne sont pas tous d’accord là-dessus. Certains disent qu’on aurait pu communiquer avec des gestes ou des dessins au lieu de parler avec notre appareil vocal. D’autres pensent le contraire.
La langue est un moyen de communication
La langue est un système linguistique qu’un groupe social donné partage : langue arabe, langue française, la langue espagnol, etc.,
On oppose les langues naturelles inventées par les humains pour échanger et les langues artificielles inventées comme le langage informatique
Lg : code communément partager, pour Saussure la langue c le langage moins la parole. Elle est ce qui nous permet de se comprendre. C’est un système libre qui s’adapte au fur et à mesure des besoins de la société. C’est un fait social nous dit Saussure. C’est « un phénomène sémiologique ». Un individu seul dans un lieu, la langue ne subira pas de changement malgré le temps qui passe. Mais c la combinaison de du temps et de la force sociale qui font subir à la langue des changements. Contrat entre individu. L’enfant l’apprend peu à peu
La parole désigne aussi deux choses distinctes : utilisation individuelle : orale et écrite. Acte de parole plus ou moins libre, combinaison individuelle des mots de la lg, Saussure parle d’un « mécanisme psycho-physique » car l’individu prononce des mots de la langue en fonction de cela. La parole : étude de la phonation. La langue est nécessaire pour la parole. Et vice versa car les transformations phonétiques ont peu d’impact sur les mots en langue.
Saussure accorde plus d’importance à la langue qu’à la parole.
Le terme langage s’emploie pour signifier la capacité qu’à un enfant vivant dans une communauté linguistique à apprendra la langue parlée. Pour Saussure le langage est hétérogène. La lg est homogène. Le langage n’est pas classable parmi les faits humains. La langue par contre l’est
Pour F. de Saussure la linguistique fait partie d’une grande science que l’on appelle Sémiologie (Science des signes). p. 33 « La linguistique n’est qu’une partie de cette science générale, les lois que découvrira la sémiologie seront applicables à la linguistique, et celle-ci se trouvera ainsi rattachée à un domaine bien défini dans l’ensemble des faits humains »
Le travail du linguiste est de voir ce qui fait que la langue est un système qui fait partie de l’ensemble sémiologique. Saussure est le premier à avoir rattaché la Ling à la sémiologie dont les concepts seront définis ultérieurement par R. Barthes à tire d’exemple.
En effet pour Barthes, la linguistique englobe la sémiologie. Il va démontrer cela dans son livre Système de la Mode où il appliquera les outils de la linguistique pour analyser le discours de la mode.
La sémiologie peut s’occuper des rites et coutumes selon Saussure p. 35 « nous pensons qu’en considérant les rites, les coutumes etc.…comme des signes, ces faits apparaîtront sous un autre jour, et on sentira le besoin de les grouper dans la sémiologie et de les expliquer par les lois de cette science ».

Le signe linguistique

Au sens le plus général, un signe désigne quelque chose. On distingue le signe de l’indice, du signal et du symbole. Georges Mounin dans son livre Clefs pour la linguistique (1971) donne un exemple d’indice (ciel orageux est l’indice d’une pluie qui va arriver). Prieto dans « Sémiologie » in Le Langage dit que l’indice est un « fait immédiatement perceptible qui nous fait connaître quelque chose à propos d’un autre fait qui ne l’est pas » p. 95
Le signal, quant à lui, est un « Fait qui a été produit artificiellement pour servir d’indice » ex : carton rouge pour expulser un joueur de foot.
Le symbole quant à lui est un « signal qui marque un rapport analogique, constant dans une culture donnée, avec l’élément qu’il signifie ». Ex Balance : justice, Islam : Croissant. Mais on ne peut pas parler de lien entre carton rouge et l’expulsion.
On considère souvent le signe comme une étiquette qui représente une chose. Nous assistons à une sorte d’étiquetage du monde et de l’univers des objets et des idées. La relation entre les mots et la réalité extralinguistique est très étroite. Bonheur défini de manière différente selon individus. Ce qui est faux. Car on remarque que les langues dénomment le même objet du monde de manières différentes. Mieux encore la même réalité est désignée avec un seul mot ou plusieurs. Ce qui montre que nous n’avons pas de correspondance entre les mots et le monde réel.
Là où le français emploie plusieurs mots, l’arabe ou l’anglais ne peuvent employer qu’un seul. Cela nous amène à la conclusion que les mots ne peuvent être considérés comme des « signes-étiquettes ».

1- Le signe linguistique selon F. de Saussure

Dans le schéma de la communication de Saussure nous avions parlé de concept et d’image acoustique. Le signe saussurien réunit non une chose et un mot mais un concept et une image acoustique. Le concept est désigné par Saussure par le terme SIGNIFIE (Sé) et l’image acoustique par le mot SIGNIFIANT (Sa).
Le rôle de la voix est d’articuler le signe en un ensemble de sons qui se suivent. L’écriture traduit justement cette succession de sons. Le signifiant (sons que j’entends ou que j’émets ou je transcris) ne peut être considéré comme un signe que ‘il est lié à un signifié. Exemple de la place Jamma Lfna ( touristes qui parlent une langue que je ne connais pas). Si les sons n’ont pas de signifié on ne peut parler de signe.
a – le signe est arbitraire : La relation SA/Sé est arbitraire. Contrairement aux symboles et aux onomatopées qui peuvent être liés par ressemblance ou analogie à l’idée, le signe selon Saussure n’a ni ressemblance ni analogie avec l’idée. La preuve en est les mots comme « court » et « long » /kur/ et /lÔ/ où l’idée de la longueur n’est pas prise en compte par les signifiants. Les langues désignent de manière différentes le monde qui les entoure. Les mots « arbre », « chajara » désignent la même chose. Rien ne peut justifier la relation du signifiant « chajara» avec le signifié. Cela ne veut pas dire que l’on peut inventer des mots et que l’on a la liberté de créer des mots nouveaux. Par arbitraire, Saussure désigne que la relation SA/S2 est « immotivée ». C’est à dire qu’il n ya pas e lien naturel entre le son (Sa) et l’idée.
Excepté les onomatopées (aie, clic clac, …) où la relation signifiant signifié paraît en apparence nécessaire. Mais loin de là. Car là aussi nous observons des distinctions. En français Toc TOC en arabe DAK DAK.
Pour Benveniste « Problèmes de linguistique générale, chapitre 4 « Nature du signe linguistique », la relation Sa/sé est « contraignante » et non « arbitraire » (comme le dit Saussure) mais la relation Signe et « chose » du monde, quant à elle, est arbitraire.
b- Le Signifiant est linéaire : en prononçant un mot ou en l’écrivant, on remarque que le Sa est linéaire. En effet le signifiant s’inscrit dans une temporalité. Un son prononcé deux fois freinerait la communication. De nature auditive, le SA s’inscrit dans une ligne, celle du temps.
c- Mutabilité ou immutabilité du signe :
Immutabilité : l’individu ne peut à sa guise remplacer un signifiant par un autre. Même le groupe ne peut le faire. Un contrat social lie les individus et la masse sociale avec la langue en tant que trésor conventionnellement protégé. La langue est un héritage que l’on transmet aux autres générations. Le concept de l’arbitraire du signe nous fait croire que l’on peut remplacer un mot par un autre. Bien au contraire. C’est justement ce côté arbitraire qui la protège car aucun lien logique contestable n’existe entre le son et l’idée.
Mutabilité : La langue résiste peu au temps. Ce dernier peut l’altérer. On assiste un déplacement de la relation Signifiant/ Signifié. En plus de certains changements phonétiques.
Pour ce déplacement Sa/Sé, Saussure donne l’exemple du verbe « noyer » qui a un sens différent de celui d’aujourd’hui. Elle signifiait en latin« necare » : tuer. On a un déplacement entre l’idée et le signe.
Le signe peut changer selon les contextes et désigner autre chose. Un signe peut désigner « vélo » en même temps autre chose.
La langue évolue. Rien ne peut empêcher les mots de changer de sens.
d- Valeur du signe : le sens d’un mot dépend de la relation qu’il entretient avec les autres mots de la langue. Le signifié du signe « viande » dépend de sa relation avec « mouton », « vache »…un mot ne peut avoir du sens que dans une relation avec les autres signes de la langue. « lham, hbra, houli, … » entretient une relation entre eux. Ils constituent un système. Le locuteur comprend les mots quand ils font partie d’un système.
e- Synchronie/diachronie
Au XIX siècle, on pratiquait la linguistique historique. Les études de langues étaient comparatives. On étudiait l’évolution des langues. On reconstituait les éléments pour déterminer les origines d’un mot, son étymologie, son évolution et les règles morphosyntaxiques qui le régissait.
Dans son livre CLG, Saussure faisait le distinguo entre la linguistique statique et la linguistique diachronique.
a- La synchronie : la linguistique synchronique s’occupe de l’étude de la langue à un moment précis sans se soucier des moments antérieurs. En effet, on peut parler une langue (arabe) sans se référer à l’arabe classique, ou à l’arabe du coran. Comme la langue est considérée comme un système, on peut la parler sans connaître l’étymologie des mots.
b- La diachronie : la linguistique diachronique s’occupe, quant à elle, de l’évolution d’un mot et aux transformations qu’il a subies. Elle compare et décrit les différents états de langues
2- La langue est un système (de Saussure à Hjelmslev)
a- Le point de vue Saussure
Selon Saussure, la langue est un système. Les mots entretiennent des relations entre eux. La modification d’un mot dans une phrase par exemple altérer le sens. Les mots qu’on prononce se situent sur un axe
Prenons un exemple :
Farid est joyeux
Est joyeux Farid
Joyeux Farid est
L’ordre des mots joue un rôle important. On reconnaît que la première phrase est la plus correcte.
Une relation horizontale lie les mots entre eux : Sujet/verbe/complément.
Les mots peuvent avoir une relation de verticalité : Farid est heureux, Said semble satisfait, Il parait triste. Quand on parle ou écrit les axes syntagmatiques et paradigmatiques sont toujours présents.
On parlera de permutation quand sur le plan syntagmatique, quand les mots peuvent se combiner entre eux et de substitution quand on peut remplacer un mot par autre. Je viendrai ce soir ; ce soir, je viendrai (permutation). Je viendrai ce soir, ….demain, dans un mois…) (substitution). La langue est une forme qui exprime une réalité extralinguistique.
b- Le point de vue de Hjelmslev : la langue est une forme
Le linguiste danois a repris la distinction saussurienne Sa/ Sé pour la préciser davantage. Il va partir de la distinction forme qui correspond à la structure de la langue et substance la réalité extralinguistique pour dire que le signe comporte deux substances et deux formes.
Signe : Expression/contenu.
La substance du contenu : la réalité extralinguistique non structurée par la langue. Arc en ciel dans le ciel
Forme du contenu : le signifié. Le découpage instauré par la langue entre les sept couleurs : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange, rouge)
Substance de l’expression : la masse de sons : la masse de sons articulées
Forme de l’expression : c’est le signifiant comme pour Saussure ; ex : les sept signifiants violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge)
Exercices
1-Les onomatopées sont elles à votre avis des signes, où la relation Sa/sé est nécessaire ?
2- La distinction signifiant/signifié suffira-t-elle pour analyser des séries comme :
– Godasse, chaussure, soulier, godillot
– Livre, bouquin
– Aller au boulot ; aller au travail, aller trimer,
3- André Martinet et la double articulation
Comme nous l’avons remarqué Saussure parle de signe qu’il découpe en deux parties : Sa/Sé. Hjelmslev, lui, de E/C et de substance et forme.
Martinet, quant à lui, définit la notion de signe en proposant d’aller au-delà de « l’écran du mot » en parlant des « unités minimales de signification », c’est-à-dire de ces plus petites unités signifiantes. Ce linguiste de Prague a développé une théorie qu’on appelle le fonctionnalisme.
Martinet est parti de l’idée que l’homme peut se référer à un nombre infini d’idées pour en n’utilisant que quelques sons.
Le langage humain obéit à cette loi. On peut référer à une multitude de concepts sans fournir beaucoup d’effort. C’est grâce à la théorie de la double articulation que le langage humain est opérationnel.
1- La première articulation
a- Les monèmes : c’est dans Éléments de Linguistique Générale qu’il développera sa théorie. Les monèmes sont des unités minimales de signification.
Exemple : jouons = deux monèmes. Jou (action de jouer) et -ons : première personne du pluriel et présent de l’indicatif.
Les monèmes s’ordonnent pour former des énoncés
a-1- Les monèmes autonomes : qui peuvent se trouver à n’importe quel endroit dans un énoncé : c’est ton tour aujourd’hui, aujourd’hui c’est ton tour, c’est aujourd’hui ton tour.
a-2- Les monèmes fonctionnels : exemple les prépositions et conjonctions de subordination : à, de, que…
a-3- Les monèmes dépendants : ils sont liés à d’autres monèmes dans la phrase. Dans une phrase avec sujet/verbe et complément : « Papa lit le journal ». Chaque monème dépend de l’autre dans l’énoncé. Il est difficile de les séparer ici.
N.B. c- Les syntagmes
Le syntagme est « une combinaison de monèmes » exemple : La coupe du monde
b- Les lexèmes et les morphèmes
Martinet distingue entre deux types de monèmes. Les lexèmes et les morphèmes.
Si les lexèmes appartiennent au lexique, les morphèmes à la grammaire. Les premiers forment une « classe ouverte », les seconds une « classe fermée ».
Les lexèmes : nom , verbe, adjectifs et adverbes. Et aussi radical, affixe (suffixe et préfixe)
Les morphèmes : qui ne signifient pas et ne référent pas : les articles, les pronoms, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis ….Les prépositions, les conjonctions, les désinences verbales ( marques de la conjugaison..).
– Les enfants jouent au foot-ball dehors
– Les joueurs courent tous après le ballon. Les spectateurs les regardent courir.
2- La seconde articulation
/ariv/, /ijer/, /
/sE/
La seconde articulation se situe au niveau du signifiant. On parle de phonèmes. Ces derniers se distinguent des monèmes. Car ils n’associent pas un signifiant et un signifié.
La signification des monèmes (lexèmes) .vendent et fendent ; pain et main etc. dépend de l’opposition v.f et p/m.
Les phonèmes f/v et p/m ne signifient rien en eux-mêmes.
La fonction principale du langage est de communiquer et d’être fonctionnel. C’est pourquoi on parle de linguistique fonctionnelle.
Les monèmes qui se situent au niveau du signifiant et de l’expression constituent la seconde a articulation. Ce ne sont pas des signes. On les appelle les phonèmes. On compte environ une 30 en français. On peut énoncer un nombre infini de phrases grâce à ces phonèmes.
Exercices :
Cadeau : /kado/ = /ka/ et /do/ oui ou non
Oui si « cas » et « dos ». Non car il s’agit du signe « cadeau ».
Pomme de terre, au fur et à mesure,… = cette unité comprend plusieurs mots
Chantons chant-ons 2 unités
Maisons : 2unités maison et s
S’agit-il d’une unité dans ces expressions : s, -ation, -ions, re- : OUI

Domaines de la linguistique

La phonétique : étudie le son dans sa réalisation concrète. La phonétique emprunte à la physiologie (voir Saussure) à l’acoustique (transmission et perception des sons et à la psychologie. On distingue la phonétique articulatoire et la phonétique acoustique. La première s’occupe des sons émis par l’appareil phonatoire : larynx, le pharynx, la bouche, les fosses nasales. On observe le passage de l’air, utilisation de la longue : bout ou le dos…
La phonétique acoustique, quant à elle, étude la structure physique des sons et la manière avec laquelle notre oreille réagit. Les concepts développés sont : formants, fréquence…
La phonologie analyse les phonèmes (traits de sons) pour les différencier entre eux : don / bon ; main / bain / pain…
Chaque phonème est, à son tour, analysé en plusieurs traits que l’on appelle phèmes.
La syntaxe s‘occupe de la composition de la phrase et de sa structure. Une phrase peut être correcte sur le plan syntaxique mais pas sur le plan sémantique et logique. « Pierre mange les cailloux ».
La morphologie quant à elle s’occupe des unités minimales de forme et des sens qu’on appelle les morphèmes comme « je », « ma », les marques du pluriel « s » et « ent », du féminin…
Après la phonétique et la phonologie qui s’occupent du son et la morphologie des unités minimales de forme et de sens, la syntaxe de la phrase, la lexicologie veut s’occuper du lexique de la langue. La lexicographie des mots dans le dictionnaire. La lexicologie a développé un certain nombre de concepts pour étudier le lexique. Comme le champ lexical qui regroupe des mots sous un thème : les chaises ont comme mot générique le mot siège. On recense deux démarches pour regrouper les mots : sémasiologie et onomasiologie. La première les regroupe en se basant sur la forme, le signifiant. La seconde selon le thème choisi.
La sémantique s’occupe de l’étude du sens d’un mot. Elle étudie de manière scientifique la signification. Pour cela, on développé des outils linguistiques. Contrairement à la phonologie et à la syntaxe, où il existe un accord assez général sur les méthodes à utiliser, la sémantique se caractérise par une grande diversité d’approches. Elle examine le sens des mots en tant qu’unité lexicale, de la phrase, aux relations sémantiques entre eux dans une phrase dans un texte ou dans une situation d’énonciation ou de parole donnée. La linguistique a donné une place importante à la sémantique car elle permet de restituer le sens.
La rhétorique est une science qui fait partie de la linguistique. C’est l’art de bien parler. Elle étudie les figures de styles utilisées par un orateur pour convaincre et persuader l’auditoire.
Et pour finir la pragmatique s’occupe du rôle du contexte dans l’acte énonciatif, dans l’acte de la parole. Elle tente de décrypter les sens caché derrière un acte langagier (Ducrot dans Dire et ne pas dire).

Chapitre 2 : Les fonctions du langage

Chapitre 2 : Les Fonctions du langage selon Jakobson
Le schéma de la communication de Jakobson cite six facteurs nécessaires à une bonne communication : l’énonciateur / l’énonciataire /contact/contexte/Code et le message. Chaque facteur est le résultat d’une relation.
Le linguiste russo-américain a eu le mérite de parler des fonctions du langage qui vont être contestées par la suite. Nous y reviendrons.
Les fonctions du langage sont applicables à un mot, une phrase, voire aux images fixes et mobiles (pub et cinéma). Les relations entre ces fonctions sont hiérarchiques.
Pour Jakobson, une communication peut comporter six fonctions. La fonction référentielle est orientée vers le contexte, émotive sur l’énonciateur, conative sur l’énonciataire, phatique sur le contact, métalinguistique sur le code et poétique sur le message.
Dans la littérature linguistique, on a créé des dénominations différentes pour les mêmes facteurs : dénotative, cognitive (référentielle) ; incitative, impérative pour conative, relationnelle pour phatique.

Hiérarchie des fonctions
Dans un acte de communication, on constate la présence ou l’absence d’une fonction. Toutefois, pour qu’une communication puisse avoir lieu, Jakobson stipule la présence d’au moins un facteur.
Dans un énoncé, une relation hiérarchique est établie entre les fonctions. La fonction dominante dépend de l’intention du locuteur «  ex : passe moi le sel » référentielle et conative. D’autres fonctions peuvent surgir selon le contexte. L’intention du locuteur joue un rôle important.
Les fonctions du langage sont aussi applicables à la littérature (auteur , narrateur, narrataire, lecteur…), au roman, à la poésie et au théâtre. Le genre lyrique est centré sur le je (f.émotive).
Les fonctions du langage entretiennent des relations très proches entre elles. C’est le cas des fonctions poétique et référentielle. De même que parfois, il est très difficile de hiérarchiser les fonctions car elles sont proches les unes des autres. « Ce manteau est magnifique »  référentielle et poétique.

Étude de cas : la communication des abeilles. Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Tome 1. (article à lire)
En appliquant ce schéma des fonctions de Jakobson à la communication des abeilles, on peut parler alors d’un langage. Or selon E. Benveniste (Problème de linguistique générale), les abeilles ne possèdent pas un langage pas mais elles émettent des signaux.

Pour Benveniste, il existe qqs similitudes mais une distinction s’impose  :
   Au niveau des symboles : quelques similitudes existent car la réalité est transmise par des symboles, des geste du corps. Chaque membre de la communauté est capable de comprendre le message, de l’interpréter et de l’émettre.
   Au niveau du moyen d’expression : Danse : chez les humains c’est la bouche, l’appareil vocal. Chez les abeilles la communication se fait par le corps et surtout le jour. On peut s’entendre même la nuit.
   Au niveau de la transmission : Chez les abeilles on exécute. On ne s’attend pas à une réponse mais à une action. Pas de dialogue. En plus, on n’a pas observé une abeille entrain de transmette un message à une autre. Chez les humains par contre la transmission du message se fait de manière automatique. Enfin, l’abeille transmet toujours un message en lien avec la réalité observée.
   Au niveau thématique : Contenu du message : la communication chez les abeilles se rapporte toujours à la nourriture et à la distance. Par contre le langage humain est illimité. En plus la communication des abeilles est étroitement liée à la réalité observée.
   Au niveau formel : il est impossible de décomposer en petites unités les signaux des abeilles.
   Conclusion : la communication des abeilles est un ensemble de signaux.
Exercices

Déterminer les fonctions de langage dominantes dans ces énoncés en les hiérarchisant. Votre réponse doit être justifiée.
1)            Alliance Darna : Avec vous de A à Z.
2)            Axa : C’était comment l’assurance avant?
3)            Amora : Par amour du gout.
4)            A nous Marrakech et sa Place Jamaa Lfna
5)            ANAPEC : Notre métier l’emploi.
6)            Arte : Vivons Curieux.
7)            Artisanat (l’) : La première entreprise de France.
8)            Atol : Les opticiens !
9)            Oulmès – Peut-on envisager un repas sans Oulmès ?
10)        Banque Populaire : Banque et populaire à la fois.
11)        Essaouira : Les beaux endroits fons les belles histoires.
12)          Benetton : United colors of Benetton.
13)        BFM TV : Priorité au direct.
14)        Bic : Bic fait, bien fait.
15)        BMW : Le plaisir de conduire.
16)        Bonduelle : Quand c’est bon, c’est Bonduelle.
17)        Calgon : Le lave-linge dure plus longtemps avec Calgon.
18)        Canal + : Et tellement + encore.
19)        Canalsat : Le meilleur du numérique.
20)        Canon : You can.
21)        Carglass : Carglass répare, Carglass remplace.
22)        Carte Noire : Un café nommé désir.
23)        Cdiscount: Créateur de pouvoir d’achat.
24)        Chocapic: C’est fort en chocolat.
25)        CIC : Parce que le monde bouge.
26)        Face book : Regarder, publiez et partagez.
27)        Danette : On se lève tous pour Danette.
28)        Danone : Etre mieux chaque jour.

RÉFÉRENT


Le référent est l'élément extérieur à quoi quelque chose peut être rapporté, référé. La linguistique saussurienne, pour qui « le signe linguistique unit, non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique » (Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale), oblige à distinguer entre la fonction référentielle, ou dénotation, et la signification, ou rapport entre signifiant et signifié à l'intérieur même du signe. La signification lie une séquence sonore ou graphique « arbre » à un sens : arbre ; la référence lie le signe « arbre » dans son tout aux arbres existants. Mais si la dénotation concerne bien, comme il est généralement admis, les signes occurrents, ceux de la parole, à la différence des signes types qui sont ceux de la langue, il faut conclure que le référent doit être aussi tel arbre présent ici, maintenant. Dès lors, la dénotation sera plus rare qu'on ne croit, puisque aussi bien l'arbre est absent de la page et de la chambre. À moins que ce dont le signe est signe ne soit pas si facile à déterminer : ainsi chez Aristote, au début de son traité Sur l'interprétation, ce sont les « affections de l'âme », elles-mêmes entretenant un rapport de similitude avec les choses, que les mots émis pourraient avoir pour référents. Si donc la fonction référentielle est une relation claire, l'identification du référent demeure problématique.

Le signe désigne un élément de la réalité (un objet, un être vivant…). Cette réalité est nommée référent. Ce qui aboie n’est ni le signe chien ni son signifié (sa définition), c’est l’animal..
Un même référent peut être nommé de multiples façons. Le meilleur ami de l’homme, le héros de L’Appel de la forêt désignent le même référent (un chien nommé Buck).


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