Qu'est ce la modernité ?
La modernité est un concept complexe qui ne
se laisse pas aisément cerner. Il apparaît difficile, voire impossible d'en
établir la genèse et de dater son apparition.
La modernité se caractérise par de profonds
bouleversements sociaux, économiques, politiques et technologiques. Elle peut
désigner soit une époque, soit la nature de cette époque ; elle a plusieurs
commencements et plusieurs fins. D’où la pluralité des ses acceptions et sa
complexité.
En effet, dans son acception générale,
l’adjectif "moderne “désigne tout ce qui semble spécifiquement nouveau aux
yeux des contemporains, une période proche que l'on juge avec une connotation
favorable par rapport à ce qui précède.
Le moderne se définit successivement par opposition au
paganisme antique, quand il s'agit du christianisme, au gothique qu'on
considéra plus tard comme médiéval et grossier, au classique, en tant que
soumission aux règles, etc.
Le moderne désigne à un certain moment
l'état d'inquiétude et de malaise ,né avec le Romantisme ,et ensuite ,le
progrès du rationalisme ,l'épanouissement des sciences et des technologies .La
modernité en 1839 se manifeste à travers le Romantisme alors qu'en 1886 c'est
le symbolisme qui se charge d'en véhiculer l'esprit .La date d'apparition de la
modernité change en fonction des domaines artistiques et philosophiques .Ainsi
la philosophie moderne apparaît au 17 siècle avec Descartes ,tandis qu'on parle
de la peinture moderne qu'à partir du 19 siècle .Pour ce qui concerne la
modernité littéraire ,Jean Paul Sartre la situe au milieu du 19 siècle ,moment
où l'artiste prend conscience de son aliénation face aux valeurs dominantes de
la culture bourgeoise ,tandis que pour Lukacs 'elle coïncide à l'apparition du
roman moderne avec Cervantès.
Pour Hegel ,le concept de modernité désigne
les trois siècles qui précédent l'année 1800 :la découverte du "nouveau
monde ",la Renaissance et la Réforme .Pour Raymond Aron ,le moderne
signifie l'industriel quand il parle des sociétés modernes ou industrielles,
tandis que les temps modernes sont caractérisés par Taine ,dans Da Philosophie
de l'art ,par la pluralité des valeurs et l'inquiétude qui en résulte .Pour
Foucault et pour Habermas ,la modernité à l'âge de la raison, elle commence
avec Kant ,avec l'Aufklurang ,les Lumières .Selon Touraine ,la modernité se
caractérise essentiellement par l'émergence du sujet humain comme liberté et
comme création .Et pour l'artiste qui est Baudelaire ,à qui on attribue
l'invention du mot et de l'idée ,la modernité définit "le transitoire ,le
fugitif ,le contingent ."
Les modernités sont donc multiples. Et pourtant, la
modernité est une.
La rupture comme
facteur définitoire déterminant
La Renaissance se définit entre autre par
la multiplication des connaissances ,et des révolutions scientifiques
,notamment dans le domaine de l'astronomie ,qui entraîne un grand
bouleversement dans la vision du monde de l'homme :celui-ci réalise d'abord ,et
avec Copernic ,que sa planète ,la Terre ,n'est pas le centre de l'univers ; il
passe ensuite de l'univers encore clos et centré de Copernic à l'univers infini
de Giordano Bruno .L'Européen assiste pour ai fi dire à l'éclatement des
sphères cosmiques pour faire son entrée dans l'immensité de l'espace ,où il n'y
a plus de lieu privilégié tel le soleil ou la Terre .Voici l'homme ,qui rompt
avec le monde bien ordonné de la Grèce antique ,et se trouve face à un espace
,fini ,où il a perdu sa place .
Cependant ,un autre événement notable à
lieu durant la Renaissance :la revalorisation et le progrès des humanités
,qu'on désigne généralement par l'idée d'humanisme .En fait ,nous assistons à
un passage important dans l'histoire d'ex idées :celui du monde théocratique du
Moyen Âge ,qui prenait le divin comme référence ,au monde anthropocentrique de la
Renaissance ,où l'homme est considéré comme le centre de l'univers .Apres mille
ans de philosophie centrée sur Dieu et l'Absolu ,l'idée d'homme et ses qualités
essentielles sont mises au premier plan des préoccupations philosophiques .
Le bouleversement est encore plus radical,
car on suppose que l'homme est source et origine des valeurs. Cette croyance en
l'homme meut toute la culture européenne. L’Art de la Renaissance, dont la
peinture italienne fournit des exemples, cesse peu à peu de servir d'ex fins religieuses
et chrétiennes, il cherche en revanche à conquérir le corps et la figure
humaine.
L'histoire de la modernité est pour ainsi
dire celle de cette rupture lente mais inéluctable entre l’homme, qu’il
désormais considérer comme sujet, et la nature, en tant qu’objet. On passe de
la correspondance du microcosme et du macrocosme, l’univers et de l’homme, à la
rupture qu’apporte, entre site, le cogito cartésien. L’homme intérieur se
sépare de la nature extérieure.
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