Laïcité et islam : sont-ils compatibles?
Qu’est-ce
que la laïcité ?
La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et la
liberté de culte, la séparation des institutions publiques et des organisations
religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs
croyances ou leurs convictions.
La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la
liberté d’expression de leurs convictions. Elle assure aussi bien le droit de
changer de religion que le droit d’adhérer à une religion.
Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion,
mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être
contraint par le droit au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
La laïcité suppose la séparation de l’Etat et des organisations
religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple
des citoyens, et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte— ne se mêle
pas du fonctionnement des organisations religieuses.
De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités
et des services publics, non de ses usagers.
La République laïque assure ainsi l’égalité des citoyens face au service
public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
La laïcité n'est pas une opinion parmi d'autres mais la liberté d'en
avoir une. Elle n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise
toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
D’après la définition, on remarque que son esprit propose un cadre
propice de la gestion de la diversité ethnoculturelle et religieuse des communautés.
Ainsi son application égalitaire permet à chaque minorité de pratiquer sa
confession dans le respect et la paix. Néanmoins, la laïcisé ne signifie pas laïcisme,
c’est à dire le fait de faire la guerre au religieux.
Bien que les Républiques dites laïques sont fondées principalement sur
le principe de séparation de l’état et de la religion et sa neutralité, on
constate que la laïcité notamment, en France où il l’islam est une religion française,
est appliquée à géométrie variable.
La discrimination gagne le terrain partout. Les actes islamophobes font règle
dans la République. On ne s’étonne pas alors d’entendre les leadeurs politiques
des partis de la gauche comme de la droite parler de l’islam comme un danger
qui guette la France et les musulmans comme des nouveaux conquérants.
Aujourd’hui le problème de l’immigration est traité d’un point de vue
ethnique et religieux, tandis qu’il doit être traité comme une question sociale.
Les immigrés ont besoin plutôt d’un traitement égalitaire comme citoyens
français ayant tous les droits reconnus pour les citoyens français.
C’est honteux d’apporter préjudice à la laïcité dans un la terre des
droits de l’homme, de l’égalité, de la fraternité et de la liberté.
Les citoyens de confession
musulmane et le statut victimaire
Il est temps que les musulmans français, européens ou occidentaux comme
leurs coreligionnaires dans les pays majoritairement musulmans, de sortir du
statut victimaire dans lequel ils se sont enfermés. En réalité, on laisse
croire au monde que les musulmans sont un danger, ils sont des intégristes, des
radicalistes, des terroristes et j’en sais quoi d’autre.
On culpabilise les musulmans en les faisant relier automatiquement aux
attentas perpètres par des terroristes ignares et instrumentalisés. A en croire
les médias subversifs et les documents divulgués par Wikileaks, le terrorisme
est une création pure des USA et des pétromonarchies de l’Orient.
On demande des musulmans français d’intégrer et de s’assimiler aux
citoyens français mais quand ils intègrent, on fait l’impossible pour
discriminer notamment en terme d’emploi, du logement etc.
Arrêter ce processus d’auto-victimisation relève du devoir de chaque
citoyen musulman. Il n’est pas utile qu’à chaque fois les musulmans se culpabilisent
et se justifient même s’ils sont innocents. Ce sentiment de victimisation est néfaste
pour la vie citoyenne des musulmans. Ils doivent plutôt contribuer et
participer dans la vie sociale, politique et culturelle des pays d’accueils.
Revendiquer ses droits est tout à fait légitime et légal pour les
musulmans et c’est dans l’obligation de l’État de veiller au respect de la
dignité de l’homme et à l’égalité entre tous les citoyens.
La laïcité dans la pensée arabo-musulmane
Le terme de « laïcité », attribut de la modernité dans le
monde occidental, est frappé d’anathème dans le Monde arabe et islamique. Il
est même pris curieusement pour synonyme d’athéisme. Mohammed Abid Al-Jâbirî[1],
philosophe marocain, lui consacre un article entier et semble, probablement
dans une visée tactique, vouloir contourner ce terme fortement connoté en
proposant de le remplacer par « démocratie » et
« rationalisme ». Pour montrer que ce terme suscite une fausse
problématique et est « inadéquat » au Monde arabe et islamique, il
cherche une validation de sa visée dans l’histoire islamique ancienne :
celle de la période inaugurale, précisément l’épisode du conflit politique dit
de saqîfat banî sâ’ida, relatif à la succession du Prophète et la manière dont
celui-ci a été résolu ; puis celle des califes bien-guidés et la manière
dont la succession, sous des formes très diverses a eu lieu, pour enfin
culminer durant la période dite de Mu’âwiyya et son célèbre discours sur sa
gouvernance débarrassée de tout fondement théologique. La multiplicité des
formes historiques de succession en pays d’Islam corrobore l’absence effective
d’une forme d’Etat prescrite dans les textes sacrés (Coran et Sunna). De plus,
l’Etat théocratique correspond à une sociologie politique que l’on ne peut
reproduire aujourd’hui.
Jâbirî a, sans doute, raison d’affirmer que l’Islam n’a pas d’église
pour qu’on ait à le séparer de l’Etat. Il n’en demeure pas moins cependant, que
la fatwa - décret religieux rendu par une autorité musulmane reconnue- est
censée être exécutoire pour tout Musulman, quel que soit le lieu où il réside.
Des expériences récentes ont rendu cette idée plus précise. On le voit bien,
pour la conception religieuse, l’autorité suprême en pays d’Islam, ce n’est
point l’Etat ou la Loi fondamentale positive, mais c’est la norme théocratique
telle que comprise et représentée par la nomenklatura des fuqhâ’. En fait, dans
ces pays, la question de l’autonomisation de la sphère politique par
l’assignation de la sphère religieuse au domaine privé, se pose aujourd’hui
plus que jamais, car il ne faut pas perdre de vue que l’autocensure a sans nul
doute plus d’efficacité que la censure institutionnelle.
Bien qu’on peut trouver une trace de laicité dans l’époque inaugurale de la civilisation
arabo-musulmane selon Aljabiri, l’idée d’une société laïque est inacceptable dans la pensée arabe et islamique au début de l’Islam[2].
A suivre…
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